FOOT POUR ELLES
AVADAS se lance dans le football féminin
Le football féminin est pratiqué depuis longtemps mais vit dans l’ombre médiatique de son homologue masculin. Toutefois, son développement s’est accéléré depuis une décennie grâce au nombre croissant de joueuses dans les compétitions internationales.
Le développement de ce sport chez les femmes n’a-t-il pas été freiné par des discours et des règlements différents de ceux concernant les hommes ?
D’emblée, le football féminin a été accueilli avec méfiance. Dans les décennies 1920-1930, les réticences et l’hostilité provenaient des milieux sportifs du football mais aussi des médecins ou encore des éducateurs. Dans les années 1960-1970, ce sont les mêmes griefs qui ressurgissent. Le football est accusé de viriliser les femmes, de les enlaidir… On a critiqué les « garçonnes » pendant la première phase et les « garçons manqués » dans la seconde.
Dans l’entre-deux-guerres, de nombreux médecins et éducateurs prétendent que ce sport entraînerait un risque de stérilité. Dans la deuxième période, le discours s’est un peu déplacé sur la maternité, les médecins interdisant la pratique du football durant toute la durée de la grossesse.
Les règlements sont donc adoucis et édulcorés pour les femmes, alors considérées comme faibles et fragiles. Les mêmes adaptations réglementaires se répètent d’une période à l’autre. Les matchs sont réduits à 60 minutes au lieu de 90 et le terrain est plus petit. Jusqu’en 1989, les joueuses ne pouvaient jouer qu’avec le ballon de taille « n° 4 » utilisés par les jeunes, plus petit et plus léger que le « n° 5 », utilisé par les hommes adultes. Les contacts et les « charges » sont interdits tandis qu’on permet aux joueuses de se protéger la poitrine avec les mains. Les hommes qui se sont exprimés sur le foot féminin ont accordé beaucoup d’importance à cette partie du corps féminin et sa protection. Les joueuses des années 1960 rapportent qu’on les incitait à porter des prothèses protectrices.
Le football est-il différent lorsqu’il est pratiqué par les femmes et par les hommes ?
La seule différence est physique. D’abord parce qu’en moyenne les femmes ne sont pas aussi rapides ou puissantes que les hommes. Cette différence est aussi liée à l’évolution de notre sport : la qualité et l’intensité de la préparation physique sont encore récentes et limitées par le statut amateur. La qualité actuelle du foot féminin est liée à son histoire. Aujourd’hui, les joueuses qui arrivent au haut niveau sont formées à partir de la seconde, vers 15 ans.
Le foot féminin a quarante ans de retard sur le masculin dans la structuration et la qualité d’entraînement mais, grâce à l’expérience des hommes, nous sommes en train de le rattraper rapidement. Dans les années à venir, la qualité de jeu va continuer à s’améliorer,
Progressivement, la fédération royale marocaine de football se met en mesure d’accueillir les jeunes femmes qui recherchent cette formation de haut niveau. Aujourd’hui, pour les garçons, la préformation commence dès 12 ans contre 15 ans pour les filles : ce retard-là n’est pas encore comblé. L’une des explications est que les joueuses ne sont pas suffisamment nombreuses aujourd’hui pour justifier une préformation. Entre 12 et 15 ans, elles sont donc encadrées dans les clubs, d’ailleurs de mieux en mieux.
Est-il plus facile aujourd’hui pour une fille de s’inscrire au football ?
Il y a encore quelques années, le premier problème était le faible nombre de clubs. Cela explique notamment que de nombreuses footballeuses ont débuté ce sport assez tard, après avoir pratiqué l’athlétisme par exemple. Mais il existe une autre cause, à un niveau plus profond : des réticences, voire des interdits familiaux, font que spontanément les filles ne s’inscrivent pas au foot. Elles vont plus facilement vers le basket, l’athlétisme ou même le hand-ball. C’est probablement un peu moins vrai aujourd’hui avec la multiplication des clubs.
Du point de vue avadista, Quels sont les défis actuels du football féminin ?
La réalité dans ce créneau est la suivante : l’immense majorité vient jouer au football pour rien. Par exemple, Parmi 200 jeunes filles qui vont pratiquer le football, une ou deux seulement atteindront les conditions privilégiées. Nous devons nous préoccuper des joueuses, qui ne rêvent que de ça. Nous devons les amener au très haut niveau, tout en leur faisant comprendre qu’elles devront avoir un autre travail. Nous devons éviter qu’une jeune de 20 ans à qui on propose un contrat professionnel, par la suite, arrête ses études du jour au lendemain. Si elle se blesse, elle n’aura plus rien. Les clubs doivent les accompagner pour qu’elles se forment, s’éduquent en tant que personnes et pas seulement comme joueuses.